On ne peut qu’être fasciné par l’accélération et la démocratisation constantes des moyens de communication et j’ai toujours été dès 1978 un partisan de leur libéralisation, comme par exemple en ce qui concernait alors les « radios libres ». J’ai en effet eu l’expérience de participer en tant qu’animateur à une radio vétéran appelée « Radio Gnome » dirigé par un dénommé Rémi Bouton, que je salue au passage s’il me lit, et qui était bien connu en son temps des milieux radiophoniques parisiens et qui sévit maintenant dans le secteur de l’édition musicale. Celui-ci m’a fait connaître les joies des émissions de nuit (pour éviter toute intrusion policière), des studios de bric et de broc (qu’on déménageait régulièrement pour éviter des saisies), des émetteurs bricolés alimentés en basse tension avec une pile de batteries de voiture … C’était l’époque mythique des radios sympathiques faites à la main où, chose techniquement inconcevable de nos jours à Paris, avec un simple émetteur de 40 watts, on parvenait à émettre de la Madeleine et à couvrir la banlieue dans un rayon allant de Cergy-Pontoise à Evry sans problèmes.
Avec l’arrivée de la gauche au pouvoir en 1981, l’espoir d’une vrai libéralisation s’est estompé rapidement. De nouveaux arrivants pistonnés en catimini par le pouvoir à l’époque ont pu rapidement mettre en place des stations commerciales archi-dépendantes du marché publicitaire et curieusement déficitaires. Le plus étrange est que, par la suite dans le cadre d’un de mes dossiers d’avocat, j’ai été amené à faire contrôler les recettes publicitaires d’une des premières radios commerciales de l’époque, que je ne citerai pas, secret professionnel oblige. J’ai été à même de constater avec étonnement que tous les annonceurs privés, généralement du
secteur de la grande distribution, obtenaient des encarts uniquement par troc, ce qui était loin d’être favorable à l’équilibre financier de la station. Seules les entreprises institutionnelles du secteur public (du genre EDF- GDF, FRANCE TELECOM, LA POSTE, etc …) et les administrations payaient eux régulièrement et « curieusement » au prix fort leurs encarts publicitaires.
Ainsi certaines radios réputées être parmi les plus commerciales et les plus contrevenantes aux normes d’émission se révélaient être de fait largement soutenues par les pouvoirs publics selon les méthodes bien classiques du copinage à la française. Le marché publicitaire sur lequel les radios pouvaient se développer étant de ce fait complètement déséquilibré, bon nombre de radios ont été contraintes à la marginalisation ou à la disparition pure et simple. Convaincu que les dés étaient inexorablement pipés, j’ai décidé de jeter l’éponge fin 1984.
Poursuivant mes études, j’ai pu devenir avocat en 1988 et me lancer avec intérêt et passion dans le droit des affaires avec une préférence pour la défense commerciale, sociale et administrative des PME et à développer une activité dominante dans le domaine du contentieux contre les compagnies d’assurances.
Avec l’arrivée de l’Internet, je me suis repris à rêver. Voilà qu’il était possible de créer un site « communiquant » dans un cadre respectueux de notre déontologie où n’importe qui sur la planète pourrait en temps réel obtenir un premier conseil (naturellement plus d’orientation que de fond bien évidemment) dans le secteur juridique et judiciaire où le droit français et international pouvait s’appliquer.
Tous les amis avocats ou informaticiens que j’avais alors consultés m’avaient vivement encouragé à tenter l’expérience pour voir, quitte à l’arrêter aussitôt si cela prenait trop de temps et débordait sur mes activités professionnelles.
J’ai donc créé ce site de conception simple et avec les moyens du bord en souscrivant un abonnement économique auprès de l’ex fournisseur d’accès Worldnet (encore un pionnier qui a disparu depuis), lequel qui avait bien voulu accepter de m’héberger en pleine connaissance de cause.
Et les chicanes typiquement franchouillardes ont commencé …
J’ai appris tout d’abord que Worldnet ne ferait pas la promotion de mon site, celui-ci étant déjà en rapport avec une consoeur (que je ne citerai pas mais qui a été à un moment donné omniprésente sur l’Internet francophone, puis citée dans le Monde et recrutée en tant que pigiste occasionnelle chez Public Sénat). Celle-ci s’est d’ailleurs permise de faire des histoires au motif prétendu que j’aurai concurrencé de manière déloyale son site.
Ceci étant et mis à part une vingtaine d’e-mails d’insultes émanant de confrères anonymes ou de quelques râleurs, les choses se sont déroulés assez calmement. Ce site a reçu dans la période 1997-2000 de l’ordre d’une vingtaine de demande d’avis par semaine auxquelles j’ai systématiquement répondu avec la prudence, le sens de la nuance et le souci de crédibilité que m’impose mes règles professionnelles.
La seule critique assez sérieuse est venue de l’un de mes Confrères qui a critiqué mon site sur le plan de son approche concurrentielle du marché du conseil juridique. Agissant dans le strict respect de notre déontologie, mon site n’avait pour vocation que de rapprocher les justiciables de notre système juridique et de les orienter. Il ne pouvait naturellement substituer un quelconque travail de fond puisque j’encourageai systématiquement mes interlocuteurs à consulter rapidement de visu un Confrère en cas de problème sérieux. De plus, une prestation gratuite ne présente aucun enjeu économique. Je n’ai d’ailleurs enregistré aucune plainte notamment à ce titre auprès de l’Ordre.
Mon site n’a été cependant encouragé par aucun confrère francophone ni par la presse, et encore moins par les sites institutionnels en matière de Justice, hormis le superbe site de Monsieur RABENOU et quelques serveurs ouverts de type associatif qui ont vite apprécié le sens de cette démarche. Curieusement toujours, d’autres sites d’avocats nettement plus racoleurs ont été de leur côté largement signalés jusque sur des sites institutionnels dans des conditions assez amusantes …
Ceci explique sans doute pourquoi ce site a été brutalement déréférencé courant 1999 sous le mot clé « avocat » au moment de l’apogée du phénomène sulfureux de l’e-business de chez certains moteurs de recherches comme Yahoo, Google, Voila, etc …. Et ces mêmes moteurs entretenaient évidemment des relations bien plus évidentes de promotion commerciale des cabinets affairistes. Ainsi bon nombre de « sites pionniers » ont été expulsés du système par ceux qui n’avaient visiblement que faire de la liberté de communication qui doit caractérise l’internet, par ceux qui en définitive voulaient s’approprier l’internet au nom de « l’économiquement correct » …
Mais, on ne va pas trop se plaindre, l’excès de la spéculation et du noyautage aboutissant nécessairement à la crise de la net-économie et à l’appauvrissement du net, les difficultés semblent s’aplanir depuis.
Ainsi le site que vous consultez actuellement est destiné à garder son cap initial, à savoir intervenir librement et sans aucune compromission, efficacement dans le respect des règles applicables pour aiguiller les particuliers et les entreprises dans leurs problèmes.
Il n’a reçu à ce titre que des éloges de la part de ses solliciteurs et son développement n’a été contrarié que par des tentatives minables de noyautage, au nom du politiquement correct et avec des objectifs véritablement affairistes. Il appartient à tous de dénoncer ce genre de système exclusif et de le combattre par tous moyens.
Pour ma part en guise de pied de nez, je maintiendrais ce site en service sur le réseau des réseaux rien que pour voir, au nom de la liberté de communication, au service de ses animateurs et de l’ensemble des internautes, contre vents et marées, et, du moins je l’espère, avec votre aimable soutien …
Paris, décembre 1999
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